Sigle du Bureau des Mines et de l'Energie
BUREAU DES MINES ET DE L'ENERGIE
DIRECTION DE l'ENERGIE
 
 L'ENERGIE EN HAÏTI
Diagnostic du secteur de l'énergie
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PRÉSENTATION DU BILAN ÉNERGÉTIQUE D’HAÏTI  
RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES LOCALES UTILISÉES  
Utilisation des ressources ligneuses et potentiel  
    Le bois de feu 
    La production du charbon de bois et secteurs concernés  
Utilisation des énergies renouvelables 
    Energie Solaire 
   Energie Eolienne  
Potentiel Bioénergétique  
Utilisation de la bagasse et potentiel  
Production et utilisation de l’énergie électrique en Haïti  
L’hydroénergie, Utilisation et Potentiel 
LES RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES IMPORTÉES  
Expérience de l’utilisation du charbon minéral en Haïti  
Le marché des Produits Pétroliers, Contraintes et Perspectives 
LES MÉCANISMES DE GESTION  DU SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE HAÏTIEN 
LES CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME ENERGÉTIQUE HAITIEN  
CONCLUSIONS 
 
 
Document du secteur  Energie
 
 
AVANT-PROPOS
 
En Haïti les principales sources d’énergies en usage sont celles qui ont toujours été utilisées par les hommes depuis l’établissement des sociétés humaines. Il s’agit du bois de feu, des énergies humaines et animales en particulier, ainsi que des sources énergétiques naturelles telles l’énergie solaire et éolienne en général. La proportion des énergies dites modernes utilisée, pétrole et électricité, est très faible par rapport aux sources d’énergies traditionnelles et participent très peu à la mise en place des infrastructures sociales et économiques nécessaires à impulser le développement. La société haïtienne n’a donc pas montré une habilité à maîtriser l’énergie en fonction des besoins de développement manifestés à travers les périodes de son histoire. 

Dans la première partie de ce rapport, on procédera à l’analyse du bilan énergétique national, des sources énergétiques utilisées, des secteurs de consommation ainsi que du potentiel énergétique national. La seconde partie du rapport sera consacrée à l’examen des particularités du système énergétique haïtien et ses conséquences sur l’environnement physique, social et économique. 
 
 
 

 
 
PRÉSENTATION DU BILAN ÉNERGÉTIQUE D’HAÏTI
 
Une analyse du bilan des sources d’énergies quantifiables utilisées en Haïti révèle que les ressources énergétiques d’origine locale satisfont 80% de la demande énergétique nationale (le bois de feu: 71% du total, les ressources hydrauliques: 5% et la bagasse: 4%). La différence constituée par les 20% restants est comblée par les ressources énergétiques conventionnelles importées, produits pétroliers liquides et gazeux et parfois le charbon minéral. (voir tableau I pour détails) 
TABLEAU I. Haïti: Production et Importation d’Energie Primaire
 
  

 NATIONALE  

- Hydroélectricité  

- Bois de feu  

- Bagasse

1973 (Mtep) %  

857.0 87.0  

28.0   

731.0   

98.0

1979 (Mtep) %  

1133.0 83.0  

48.0   

980.0   

105.0 

1985 (Mtep) %  

1304.0 82.5  

54.2   

1164.0   

86.0

1990 (Mtep) %  

1407.6 80.3   

47.6  

1305.0   

55.0

 IMPORTEE  

- (Mogas, Kéro, Jet fuel)  

- Diesel   

- LPG   

- Fuel Oil   

- Charbon Minéral  

- Non Energétique 

127.0 13.0  

31.0  

60.0   

1.0  

35.0   

231.0 17.0  

54.0   

 112.0   

2.0  

62.0   

275.15 17.5   

90.35   

 97.0  

3.89  

47.4   

36.51

343.8 19.7  

106.4  

 133.2  

8.4  

95.8  

-

TOTAL 984.0 100.0 1363.0 100.0 1579.15 100.0 1751.4 100.0
 
Sources: 1973, 1979 Haïti: Problèmes et Choix Energétiques, PNUD/Banque Mondiale, Juin 1982.
1985, Clarence Kooi. 1990, Haïti: Stratégie pour l’Energie Domestique (ESMAP Banque Mondiale.
Les Compagnies Pétrolières. Compilation du tableau par Wilfrid Saint Jean . 
 
Une phase intermédiaire qui permet de transformer l’énergie primaire en énergie secondaire favorise l’apparition de deux autres sources d’énergies. Ce sont le charbon de bois qui en 1995 compte pour 16.5% du bilan énergétique national et l’électricité 2.6% (tableau II). Le charbon de bois utilisé dans les agglomérations urbaines est généré à partir de 35% environ du total de bois de feu récolté. L’électricité est produite à partir des ressources hydrauliques dont le pourcentage varie au cours de la période 1972-1995 entre 44 et 95% pour la zone métropolitaine et entre 28 et 95% pour les provinces (tableau IV et V).    L’ensemble de ces ressources énergétiques nationales et importées, primaires et secondaires est distribué dans quatre (4) grands secteurs: le secteur domestique qui consomme environ 72% de la demande, le secteur industrie 10%, le secteur transport 13% et le secteur constitué par le commerce et les services 5% (tableau II). 
TABLEAU II. Consommation d’Energie par Secteur pour l’Année 1995
(en Milliers de Tep)
   
  Ménages Com. & Serv. Transport Industrie Total % Total
- Bois de Feu 
- Bagasse  
- Charbon de Bois   
- LPG  
- Essence  
- (Mogas, Kéro, Jet fuel) 
- Fuel Oil  
- Electricité
 778.0
 
187.0
7.6
 
22.4
 
19.2
15.6
 
46.7
2.0
 
1.4
 
4.8
 
 
 
 
70.3
119.2
13.6
66.3
 
 
 
28.5
16.4
12.1
807.2 
66.3
233.7
9.6
70.3
171.5
16.4
36.1
57.2 
4.7
16.5
0.7
5.0
12.1
1.2
2.6
TOTAL
1014.2
70.5
189.5
136.9
1411.1
 
% Total
71.9 
5.0
13.4
9.7
 
100.0
 
Sources: Bois de feu - Banque Mondiale (EMAP), Stratégie Pour l’énergie domestique, Page 4.
Produits Pétroliers - Compagnies Pétrolières, information délivrée par la Shell au BME.
Compilation du tableau par Wilfrid Saint Jean. 
 
La consommation de l’ensemble des produits pétroliers est répartie en général comme suit: le secteur transport qui consomme 50% du total, le secteur de production électrique 20%, le secteur industrie 18%, le secteur domestique 8% et les services 4%. 
RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES LOCALES UTILISÉES 
 
Les sources énergétiques locales qui seront analysées dans ce chapitre sont: le bois de feu, la bagasse, l’hydroénergie l’énergie solaire et l’énergie éolienne pour lesquels des paramètres chiffrés sont disponibles. Il ne sera malheureusement pas possible d’en faire autant pour les énergies humaines et animales qui sont très utilisées dans les secteurs transports, agriculture, pêche et construction à cause de l’indisponibilité des données liée surtout à la difficulté de les comparer avec les sources d’énergies conventionnelles. 


Utilisation des ressources ligneuses et potentiel

Les ressources ligneuses constituent en Haïti une source importante de matières premières pour des besoins divers. Les enquêtes conduites sur le terrain révèlent que 95% des ressources ligneuses récoltées servent à des fins énergétiques et sont considérées comme du bois-énergie (bois de feu et ses dérivés). Les autres utilisations concernent le bois transformé en planches (4%) et le bois rond pour poteaux utilisé dans la construction (1%). La demande totale en bois par année oscille entre 5 et 6 million de m3 (soit 3.5 à 4.3 millions de tonnes métriques).  Le bois de feu 

Le bois-énergie joue un rôle important dans le secteur énergétique national. Selon les années il couvre entre 71 et 78% des besoins en énergie du pays. Ce qui représente environ 30% de plus de la quantité consommée dans les pays de la région Amérique Latine et Caraïbe. Le bois-énergie récolté chaque année est estimé entre 3.4 à 4.1 millions de tonnes métriques, ce qui correspond à environ 12 à 30 millions d’arbres. Traduit en tonnes d’équivalent en pétrole (TEP) on obtient les valeurs correspondantes de 1.607.000 à 1.749.000 de Tep, ce qui représente plus de quatre fois la quantité de pétrole consommée annuellement en Haïti. La demande actuelle du bois de feu se décompose suivant le modèle présenté dans le tableau III suivant: 

TABLEAU III.  ESTIMATION DE L A CONSOMMATION DU BOIS DE FEU, 1993
 
 
Secteurs de consommation
Quantité (en milliers)
%
Origine 
Tonnes 
m3
Bois de feu   

Ménages  
Ruraux 
Urbains 
Boulangerie, Dry-Cleaning, Four à chaux 

Industrie rurale (moulins, guildives, huiles essentielles)

2655.0
 
 
2250.0
68.0
103.0
 
233.0
3865.0
 
 
3275.0
100.0
150.0
    
340.0
65.5
    

    

Bois mort, petit bois    
Bois vert, abattage   

Émondage, grands arbres non désirés, arbres récoltés le long des ravins (villes)   
Bois d’oeuvre et espèces fruitières

Charbon de bois   
  • Ménages urbains
  • Secteurs informel, autres 
  • 1400.0
    1150.0
    250.0
    2038.0
    1674.0
    364.0
    34.5
    Bois vert provenant des opérations de nettoyage, de jachère et d’écosystèmes fragiles (mangliers principalement) 
    TOTAL
    4055.0
    5903.0
    100.0
     
    Utilisation du charbon de bois: 0.42 kg/capita/jour (Matly et Médina 1990)
    Utilisation du bois de feu 1.5 kg/capita/jour. Secteur informel (ESMAP/BME 1989)
    Boulangerie et Dry Clening (Grosenick et Kooi)
     
    Les chiffres présentés dans le tableau III représentent les estimations retenues pour l’année 1993 qui est considéré comme une période de forte consommation à cause de la rareté des combustibles importés de substitution du bois de feu et du charbon de bois. 

    En 1995, le bois-énergie a fourni 95% des énergies consommées dans le secteur résidentiel, 88% dans le secteur commerce et services et 10% dans le secteur industriel. Mis à part la période d’embargo il est certain qu’en termes relatifs, la consommation du bois de feu a diminué de 15% au cours des années 80. Ceci est dû à une augmentation notable de l’utilisation des combustibles fossiles importés et des restrictions que les consommateurs s’imposent à cause du phénomène de monétarisation du bois-énergie qui prend de plus en plus d’ampleur partout à travers le pays. Mais en termes absolu la consommation de bois de feu a augmenté 

    Les prélèvements annuels de bois de feu dépassent la capacité de régénération naturelle des arbres ce qui entraine un déficit manifesté par une diminution progressive du couvert végétal qui de 60% en 1923 est passé à 18% en 1952 et à 1.44% en 1989. (Source ECMU/PNUD 1996) 

    Tableau IV. Evaluation des ressources ligneuses d’Haïti en 1989.
     
     
    Catégorie d’Occupation
    Surface Estimée 
    (en 1000 ha)
    Bois sur Pied 
    (en 1000 m3)
    Forêts de feuillus 
    Forêts de pins 
    Formations Sylvo-Pastorales  
    Mangroves 
    Cultures Arborées Denses 
    Cultures Arborées Claires 
    Autres (cultures herbacées, etc)
    144.0
    68.0
    290.0
    15.0
    170.0
    400.0
    1.683.0
    7.800.0
    2.320.0
    5.155.0
    525.0
    5.100.0
    6.400.0
    10.093.0
    TOTAL
    2.700.0
    37.395.0
     
     
    Source: Association Internationale de Développement. Gestion des Ressources Naturelles en vue d’un  
    Développement Durable en Haïti. No. 1786-HA Ministère de l’Economie et des Finances. BDPA/SCET AGRI. 1989, 2 vol. 
     
     
    Ces réserves totales estimées pour l’année 1989 à 37.4 millions de m3 constituent six années de production en tenant compte de la demande totale en bois du pays (bois de feu et bois d’oeuvre) ce qui est effectivement inquiétant tenant compte du déficit accumulé dans la production du bois du pays depuis déjà plusieurs dizaines d’années. Si cette tendance se maintient il n’est pas alarmiste de dire que le "désastre écologique" annoncé pour Haïti au début du siècle prochain deviendra une réalité, malgré les performances, non documentées mais constatées par les exploitants, des zones semi-arides mises en defens peuplées de bayahonde, de gaiac et de délin, qui ont grandement contribué à la production du bois-énergie depuis déjà plusieurs dizaines d’années. 

    Malgré l’existence d’une abondante législation dans le domaine de la protection des ressources forestières et de l’environnement, la politique officielle de l’Etat en matière de gestion des ressources ligneuses n’est pas bien tracée. De nombreux efforts ont été déployés, surtout par les institutions internationales et les organismes non gouvernementales, pour contrecarrer cette tendance catastrophique, cependant, l’absence d’un guide officiel en la matière a rendu ces efforts infructueux, voire totalement inopérant dans certains cas. L’échec constaté dans le domaine de la réhabilitation de l’environnement doit être recherché dans la culture haïtienne elle-même. On déboise par ignorance, on déboise pour la production d’énergie, on déboise pour augmenter l’espace agricole, on déboise pour la construction, on déboise enfin pour des raisons militaires et politiques.  

     


    La production du charbon de bois et secteurs concernés 

    En Haïti, la production du charbon de bois est une activité de la plus haute importance. Ce combustible est, avec le bois sous sa forme naturelle, le plus utilisé par le peuple haïtien dans les zones urbaines pour les besoins domestiques tels: la cuisson des aliments, le repassage et le blanchissage du linge. La consommation du charbon de bois est estimée entre 250 et 280 mille tonnes chaque année, ce qui crée autour du charbon de bois une grande activité commerciale. Environ 150.000 personnes participent aux activités de production et de commercialisation du charbon de bois générant ainsi un revenu compris entre 50 et 75 millions de dollars américains chaque année. Environ 30% du revenu du charbon de bois est redistribué dans le milieu rural. La production et la vente du charbon de bois font épargner au pays entre 14 et 17 million de dollars américains chaque année au cas où le gaz de pétrole liquéfié devait être importé comme substitut au charbon de bois pour les besoins domestiques. 

    La production du charbon de bois est, dans la majorité des cas, une activité temporaire dépendant des conditions écologiques des différentes régions du pays. Les zones à faible pluviosité ont tendance à produire davantage que les régions où le régime des pluies favorise des activités agricoles diversifiées. On constate de nos jours que le facteur prix influence aussi la production. Les régions du Sud-Ouest et de la Grande Anse sont en train de devenir les zones les plus productrices de charbon de bois au détriment du Nord’Ouest qui a toujours été considéré comme la grande pourvoyeuse du charbon de bois du pays. Aujourd’hui, l’existence même de cette matière première exploitée anarchiquement est menacée. Les arbres sont abattus sans discernement et les espaces boisées disparaissent à un rythme déconcertant. 

    Plus de 70% du total de charbon de bois produit à travers le pays est acheminé dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, le reste est absorbé par les provinces. Ce combustible répond donc au besoin de 26% de la population totale du pays. Les ménages consomment plus de 80% de la production totale du charbon de bois, le reste est consommé par les restaurants surtout du secteur informel (restaurants de rues). Au sein du secteur résidentiel lui-même le charbon de bois satisfait 92% du total des combustibles utilisés, la différence est comblée par les produits pétroliers, principalement le Gaz de pétrole Liquéfié (LPG). 

    Les centaines de milliers de tonnes de charbon de bois consommés annuellement dans les zones urbaines haïtiennes ont des répercussions beaucoup plus importantes sur l’écologie que les millions de tonnes de bois de feu consommés par les ruraux. Le charbon de bois est fabriqué à partir de bois vivant coupé pour la circonstance et les rendements à l’utilisation du charbon de bois dans les réchauds traditionnels (20% d’efficacité en moyenne) sont faibles. 

    Cette note sombre ne s’étend pas au travail du charbonnier qui de tout temps a fait montre d’une certaine rationalité dans son travail. "C’est le charbonnier pauvre, qui décide: a) de la localisation et de l’extension des aires de production; b) des techniques de prélèvement du matériel ligneux; c) des méthodes de carbonisation; d) et de l’ajustement de l’offre à la demande". Il s’agit donc là d’un héritage culturel relativement bien conservé. (J. A. Victor, 1996). 

    Malgré l’importance du charbon de bois dans la structure énergétique du pays (Haïti étant toujours à l’âge du bois), principalement dans le bilan énergétique des ménages, il est malheureux de constater le peu d’intérêt manifesté par les pouvoirs publics et les élites haïtiennes à la gestion du secteur charbonnier. "Au charbonnier, l’Etat ne fournit ni crédit, ni assistance technique et ne donne ni subvention, ni information. Le seul contact que l’administration publique entretient avec le charbon et le charbonnier, passe à travers le fisc dont le système de taxation établi n’arrive à collecter que 10 % des taxes perceptibles" (J. A. Victor, 1996). Malgré l’existence d’un monument juridique impressionnant dans le domaine de la protection des ressources forestières et de l’environnement très peu d’attention est accordée à la gestion des arbres en relation avec leur fonction énergétique. On ne connaît que deux textes légaux traitant de ce problème, la loi d’août 1955 et le décret de 1987, qui reconnaissent tous deux la nécessité de recourir à des sources d’énergies alternatives pour faire baisser la pression sur le bois de feu. Cependant, aucune disposition ne fut prise par l’administration gouvernementale pour le suivi de ces décisions. Il est par contre impératif de gérer rationnellement cette importante ressource qui a des retombées sérieuses sur la production nationale, sur le système économique, le système social, le bilan énergétique et surtout sur le système écologique national, voire régional. 

    Plusieurs solutions ont été proposées qui tiennent compte de différentes approches, néanmoins la complexité des facteurs liés à la problématique du charbon de bois montre qu’en plus d’une politique de substitution bien structurée il est nécessaire de mettre en place une politique forestière basée sur la production et l’exploitation des ressources sur une base renouvelable. 


    Utilisation des énergies renouvelables

    Les énergies renouvelables constituent les sources d’énergies du futur à cause de deux raisons essentielles: leur disponibilité indiscriminée, le peu de risques écologiques associé à leur utilisation ainsi que les avantages économiques associés à leur exploitation. Il y a lieu de mentionner aussi que les barrières techniques et économiques qui ont constitué dans le passé des handicaps sérieux au premier investissement sont de plus en plus soulevées pour devenir de nos jours dans certains cas (éclairage et communication) pratiquement inexistantes. 
     
       
    Si l'on exclut le bois-énergie et les résidus végétaux, les énergies renouvelables constituent une partie très faible du bilan énergétique national en terme de pourcentage du total. Cependant étant donné que la grande quantité d’énergie électrique générée par une ressource renouvelable dans le pays, en l’occurrence l’énergie hydro-électrique, il est très difficile de ne pas accorder à  cette source toute l'importance qu'elle mérite. En effet, les centrales hydroélectriques et éoliennes en opération permettent d’épargner au pays l’équivalent de 100 millions de dollars américains chaque année. Les énergies renouvelables qui seront considérées dans ce chapitre sont l’énergie solaire et l’énergie éolienne. 
     
     

    Energie Solaire 

    L’énergie solaire a toujours été utilisée en Haïti dans le secteur agricole pour le séchage des récoltes et dans le secteur domestique pour le séchage du linge. Depuis une dizaine d’année environ, d’autres applications sont trouvées à cette abondante source d’énergie. Il s’agit en particulier de l’exploitation de la filière thermique pour le chauffage de l’eau et de la filière photovoltaïque pour la production de l’électricité. 

    En 1993 par exemple, Haïti a importé des Etat-Unis d’Amérique pour plus de 20 Kilowatt de modules et cellules photovoltaïques. Cependant l’énergie solaire photovoltaïque reste encore un produit de luxe utilisé par les classes aisées comme matériel d’appoint pour suppléer aux coupures d’électricité dans la zone métropolitaine. Un certain nombre d’installations photovoltaïques a été réalisé, avec l’assistance d’organisations internationales, dans les zones rurales en vue de fournir des services de santé aux populations défavorisées. 

    Energie Eolienne 

    L’énergie éolienne a toujours été utilisée en Haïti pour la navigation (cabotage et pêche). Quelques pompes éoliennes ont été installées dans les principles plaines du pays, cependant, elles n’ont pas eu le succès escompté. 

    L’Ed’H a expérimenté en 1991 avec la coopération de la République Fédérale d’Allemagne un parc éolien d’une puissance de 150 Kw (cinq unités de 30 Kw chacune) dans la région de Port-de-Paix (Nord’Ouest). Ces aérogénérateurs qui ont fonctionné pendant quelques années ont été retiré du réseau à cause de problèmes d’entretien. 

    Le potentiel éolien d’Haïti est surtout concentré dans le Nord’Ouest principalement sur le versant nord de l’île de la Tortue où les vents ont une vitesse moyenne de 5-7 mètres par seconde, ce qui est très intéressant pour des applications telles l’exploitation d’aérogénérateurs (production de courant électrique) et le pompage d’eau souterraine. Néanmoins, les choix technologiques sont importants dans chacun des cas. 


    Potentiel Bioénergétique 

    On trouve en Haïti de nombreux déchets végétaux provenant du café, du coton, des cultures céréalières et de l’extraction des huiles essentielles. Du point de vue énergétique ces déchets sont utilisables, cependant étant donné leur grande dispersion il est très difficile de les utiliser à l’endroit où ils sont générés. De plus la spécificité propre à chacun de ces déchets fait appel à des techniques spéciales pour chacun d’eux. Les déchets de ferme (fiantes de poulets, bouse de vache, de porcs, de cabrits, des équidés, etc… ) ainsi que les déchets de ville peuvent facilement être convertis en biogaz prêt à l’usage. Cependant, le problème de collecte doit d’abord être maîtrisé principalement pour les déchets de ville et dans le cas de l’élevage libre. 


    Utilisation de la bagasse et potentiel 
    Avec la disparition des centrales sucrières modernes la consommation de la bagasse a beaucoup baissé en Haïti. Cependant, le potentiel de cette ressource énergétique locale, reste très élevé. Il a été estimé qu’une quantité de bagasse égale à 140.000 tonnes est disponible chaque année au niveau des moulins et guildives qui ne consomment que 15% de la quantité de bagasse produite. Les petits moulins produisant le sirop consomment uniquement la bagasse tandis que les mini-distilleries ou guildives, qui produisent de "l’alcool agricole" ou clairin à partir du sirop, consomment (à l’exception de quelques unes) le bois de feu comme combustible. Le potentiel énergétique de la bagasse produite dans les distilleries en Haïti oscille entre 37 et 56 mille tonnes équivalent en pétrole (TEP). 


    Production et utilisation de l’énergie électrique en Haïti

    La première génératrice a été introduite en Haiti à Jacmel en 1895, elle pouvait fournir 1270 kW de puissance. Ce n’est qu’en 1910 sous la présidence d 'Antoine Simon que la ville de Port-au-Prince a commencé à jouir des bienfaits de l’électricité. L'activité de production d'énergie électrique a été assurée par des compagnies privées jusqu'à sa prise en charge par l'Etat Haïtien lors de la mise en service de la centrale hydro-électrique de Péligre en 1971 et la création de l'organisme autonome dénommé Electricité d’Haïti. 

    L’électricité est générée à partir de deux sources principales, les usines hydroélectriques et les usines thermiques. En 1995, les capacités installées de ces usines totalisent respectivement 54.8 et159.0 MW. On retrouve dans les provinces 14.2% de la capacité hydroélectrique et 22.55% de la capacité thermique installée. Ces proportions sont encore plus marquées au niveau de la génération électrique où seulement 10 à 15% de l’électricité produite est distribuée en province. La capacité installée électrique permet de générer jusqu’à 560 GWH d’électricité au cours d’une année ce qui équivaut à une consommation annuelle per capita de 80 kWh soit seulement 15% de celle de la République Dominicaine pour l’année 1994. 

    Au cours des années 1970 les ventes d’électricité ont augmenté à un rythme de 16.1% par année tandis qu’au cours de la décennie 1980 elles n’ont été que de 5.25% par année. La croissance de la demande d’électricité a suivi celle du PIB mais à un taux plus élevé. Entre 1972 et 1989 la consommation d’électricité per capita est passée de 12 KWH à 54 KWH soit une croissance de 8.7% par année. Le taux d’électrification est passé de 3% à 10% pour la même période, parallèlement, le nombre d’abonnés est passé de 24 mille à 112 mille. Malgré ces efforts les paramètres du secteur électrique haïtien sont parmi les plus bas de la région Caraíbe. 

    A partir de 1989, la production et la vente d’électricité sont entrées dans une période décroissante due au déclin des activités économiques, au niveau très élevé des pertes non techniques et à l’absence d’entretien des équipements de production ainsi qu’à l’absence d’investissements pour l’agrandissement du parc d’équipements. 

    L’énergie électrique est générée par une capacité installée qui est passée de 43.0 MW en 1971 à 242.1 MW en 1995 soit une croissance de 5.6 fois. Sa composition est passée de 72% hydro et 28% thermique en 1971 à 27.55% hydro et 72.5% thermique en 1995. L’électricité générée est répartie entre les cinq (5) principaux secteurs selon des proportions qui varient avec les années. L’analyse du tableau V qui suit révèle les grandes tendances observées depuis 1971. 
     

     
    TABLEAU V 
    1971

    MW % 

    1975

    MW %

    1980

    MW % 

    1985

    MW %

    1990

    MW %

    1995

    MW % 

    Ventes Totales 

    Résidences  

    Industries 

    Commerce 

    Gouvernement 

    Eclairage Public

     58.5 100.0 

    19.9 34.0 

    17.9 30.6 

    12.9 22.0 

    5.1 8.7  

    2.7 4.7 

    99.5 100.0 

    31.8 32.0 

    45.3 45.5 

    9.9 10.0 

    6.5 6.5 

    6.0 6.0

    197.1 100.0 

    69.5 35.3 

    100.6 51.0 

    10.7 5.4 

    9.2 4.7 

    7.1 3.6

    296.5 100.0 

    123.0 41.5 

    137.0 46.2 

    - -  

    28.2 9.5 

    8.2 2.8

    331.9 100.0 

    154.6 46.6 

    117.0 35.3 

    13.2 4.0 

    35.4 10.6 

    11.7 3.5

    211.3 100.0 

    100.3 47.5 

    68.5 32.5 

    8.0 3.8 

    23.8 11.4  

    10.1 4.8

     
    Source: Electricité d’Haïti (Ed’H)

    A cause du déclin des activités industrielles au cours des années 80 le secteur résidences et services devient au cours des années 90 le plus gros consommateur de l’électricité produite avec 47.5% du total, tandis que la consommation du secteur industriel continue à diminuer après un maximum de 51% atteint au cours de l’année 1980. 

    Les performances d’exploitation du secteur électrique sont pauvres. Elles se manifestent par le niveu élevé des pertes qui ont atteint jusqu’à 57% en 1995 (tableau VII et VIII), la faible productivité par employé, le cumul des déficits financiers et le tarif élevé appliqué aux consommateurs. 

    L’Electricité d’Haïti dépend largement de l’aide étrangère pour les investissements à consentir dans l’acquisition des équipements et dans la formation du personnel technique. Ce qui range le secteur électrique parmi les secteurs principaux consommateurs de l’aide publique au développement en Haïti. Le secteur électrique éetait responsable en 1987 de 18% de la dette totale du pays envers les bailleurs de fonds internationaux. 


    L’hydroénergie, Utilisation et Potentiel 

    La production électrique à partir des ressources hydrauliques a commencé depuis 1971 après l’entrée en service de la Centrale Hydro-électrique de Péligre d’une capacité installée de 47.1 MW. Cette Centrale produit ordinairement entre 220 à 320 GWh suivant la variabilité des apports annuels du fleuve Artibonite. Par la suite l’ED’H a élaboré et éxécuté un programme de développement de minicentrales totalisant 7.8 MW réparties sur sept (7) sites, tous situés en province. Il s’agit de petites centrales dont la puissance installée varie entre 0,30 et 2,25 MW.(Voir tableau VI pour détails) 
    TABLEAU VI. HAÏTI: POTENTIEL HYDROÉLECTRIQUE DÉVELOPPÉ
     
     
    Rivières ou Sources
    Site Développé
    Hauteur de Chute (en mètres)
    Puissance Installée
    (en MW)
    Type de Turbine 
    et Date 
    Artibonite 
    Artibonite 
    Cavaillon 
    Cayes-Jacmel 
    Onde Verde 
    Caracol 
    Délugé 
    Petite-Rivière
     Péligre 
    Drouet 
    Saut Mathurine 
    Gaillard 
    Belladère 
    Caracol 
    Délugé-Lanzac 
    Milot
    12.0
    9.0
    110.0
    210.0
    16.5
    160.0
    298.0
    111.0
    47.1
    2.8
    2.4
    0.5
    0.3
    0.85
    0.8
    0.13
    Francis (1971) 

    Ossberger (1978) 
    Pelton (1983) 
    Pelton (1985) 
    Ossberger (1983) 
    Pelton (1985) 
    Pelton (1991)

     
    Source: Electricité d’Haïti (ED’H)

    Ce potentiel hydroélectrique développé a rendu un service important à la communauté haïtienne à mesure de sa mise en service principalement dans les moments difficiles où l’ED’H se trouve confronté à des problèmes d’approvisionnement en combustibles pétroliers. 

    En 1973 l’énergie hydroélectrique a permis de produire plus 94% de l’offre en 

    énergie électrique du pays. Au cours des ans la proportion a baissé jusqu’à atteindre de nos jours 40% de l’offre. Les prévisions pour les prochaines années accusent cette tendance à la baisse. 

    On évalue à 153.58 MW le potentiel énergétique total des sites hydroélectriques non développés en Haïti. De ce total 85% (soit 130.7 MW) sont constitués par 4 grosses centrales allant de 22 à 45 MW et le reste 15% (soit 22.58 MW) sont constitués de 27 petites centrales allant de 0.10 à 2.57 MW avec des hauteurs de chute variant de 2.1 à 111.0 mètres. Ce sont donc des mini et micro centrales capables d’utiliser les deux types principaux de turbines les plus utilisés à travers le monde: les turbines à réaction et les turbines à action. 

    LES RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES IMPORTÉES


    Expérience de l’utilisation du charbon minéral en Haïti 

    Le charbon minéral a été introduit dans le bilan énergétique national pour la première fois en 1982. Au cours de la période 82-90, où ce combustible a été importé par l’unique Cimenterie du pays, la consommation a varié de façon notable 12.222 à 47.061 tonnes. On a même constaté deux (2) années au cours desquelles aucune importation n’a été effectuée. Ce comportement peut être expliqué par les facteurs suivants: 

  • le caractère mixte des installations de chauffage du clinker (charbon minéral et mazout) disponibles à la Cimenterie:
  • la baisse des prix des produits pétroliers enregistrée sur le marché mondial au cours des exercices 85-86 et 86-87.
  • les mesures de politique interne liées à le pénurie de devises pour l’importation de combustibles autres que les produits pétroliers alors qu’un surplus de mazout est dégagé sur le marché interne à cause de la réduction dans le demande de l’ED’H occasionnée par la disponibilité de l’eau au niveau des barrages.

  • Le marché des Produits Pétroliers, Contraintes et Perspectives 

    Haïti importe toute la quantité de produits pétroliers qu’elle consomme sous forme de produits distillés. Sa consommation annuelle (en tenant compte des quinze dernières années) varie de 1.6 à 2.6 millions de barils ce qui constitue entre 13 et 20% de l’offre totale en énergie du pays (graphique 1). 

    Malgré ce faible espace occupé dans le bilan énergétique national, les produits pétroliers constituent un fardeau très lourd pour l’économie nationale. Ce pays consacre entre 30 et 50% de ses recettes d’exportation pour l’importation annuelle de cette ressource énergétique, ce qui équivaut à des montants allant de 150 à 420 millions de gourdes pour la période considérée. En 1990, les importations de produits pétroliers (345 millions de gourdes) ont représenté 51% des recettes d'exportation et plus de 25% du total des importations (graphique 3). Malgré tout, la quantité de produits pétroliers utilisée est faible comparée à celle consommée par les autres pays de la Caraïbe et de l'Amérique Centrale à niveau démographique équivalent. 

    Au cours des vingt (25) dernières années (1970-1995), la demande de produits pétroliers a accusé une croissance en dents de scie, elle a même été négative en 1972, 1980,1982 et entre 1986 et 1989. Ce modèle de croissance peut être attribué aux variations enregistrées au niveau des combustibles non destinés au transport, tels le mazout, le kérosène et l'asphalte. Par contre, ceux destinés au transport paraissent suivre un modèle de croissance plus soutenu. Par exemple, la soudaine réduction de l'importation du mazout vers les années 83-84 était due à deux facteurs : l'arrêt des activités d'extraction minière de la Reynolds Haitian Mines et le passage du Ciment d'Haiti à une nouvelle source d'énergie, le charbon minéral pour la cuisson du clinker. D'autre part, le déficit en eau enregistrée au niveau du Lac de Péligre au cours des exercices 83-84, 86-87 et surtout 89-90 a provoqué une hausse considérable de la consommation du mazout (graphique 2) 

    De même, la seule hausse notoire dans la consommation de l'asphalte n'a été enregistrée qu'au cours des années 76-78, coïncidant justement avec la construction des réseaux routiers du nord et du sud. On observe par la suite un net déclin dans la consommation de ce produit. 

    La gazoline et le diesel utilisés dans le transport, représentent plus de la moitié du total des combustibles pétroliers importés par année, ce qui prouve que le transport de passagers, surtout dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, constitue une activité économique importante qu'il convient de prendre très au sérieux. 

    La pénétration du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) sur le marché haïtien (type propane) a été plus difficile à cause de contraintes économiques liées à son utilisation. Sa consommation est passée de 1116.0 tonnes en 1970 à 4120.0 tonnes en 1988. Ce n’est qu’avec l’apparition du butane en 1989 que des augmentations substantielles sont enregistrées annuellement. Les années d’embargo ont fait baisser la consommation et malgré une certaine reprise à partir de l’année 1994 la demande n’a pas encore atteint le niveau record de 1990 qui était de 7731.0 tonnes. 

    Dans la composition de la chaine d’approvisionnement et de distribution des produits pétroliers on retrouve l’Etat Haïtien, les Compagnies pétrolières privées, les distributeurs, et enfin les consommateurs. Les compagnies pétrolières ont toujours joué un rôle primordial dans les décisions relatives aux transactions des produits pétroliers aussi bien en ce qui concerne les conditions d’approvisionnement, du transport, de la distribution de ces produits que dans la formation des prix des combustibles à partir des marges qu’elles obtiennent tout au long de la chaîne. 

    Les distributeurs dépendent pour beaucoup des compagnies tant du point de vue du contrôle technique que celles-ci exercent, que par les contrats de gestion des stations de service qui relient les deux parties. 

    Le stockage et la distribution des produits pétroliers est assuré par les compagnies concessionnaires qui opèrent comme distributeurs-grossistes, semi-grossistes et dans le cas de la Sodigaz comme petit détaillant. 

    Les facilités de stockage actuellement en service sont localisées uniquement dans la zone métropolitaine. Elles totalisent 1.246.000 barils barils. Les entreprises d’Etat disposent d’une capacité de l’ordre de 84.000 barils (Miragoâne pour la la Reynolds et Gonaïves pour la Sedren non inclus). 

    Les produits pétroliers (essence, kérosène, gasoil, lubrifiants) sont distribués aux consommateurs à travers plus de 110 stations de service dont 70% se trouvent dans la zone métropolitaine. Le transport des produits à l'intérieur du pays est assuré par voie terrestre, soit par des camions citernes appartenant aux compagnies sus-citées, soit par des contractants indépendants. Par ailleurs, un volume important de produits, notamment du kérosène et du gasoil est charrié en drums de la capitale vers la province à bord de véhicules publics transportant des passagers et d'autres marchandises. En dehors de ce circuit formel, on retrouve les lubrifiants ici et là dans les "Auto Parts" et même sur les trottoirs. 

    Le LPG est distribué aux consommateurs par bonbonnes de 7, 10, 20, 50 et 100 livres et également en bulk à des utilisateurs disposant des bouteilles de 500 livres et plus. Les bonbonnes de 7 livres sont offertes exclusivement par la Sodigaz. Les achats de 25 livres au moins se font soit au comptoir des compagnies Tropigas et Haiti Gas, soit dans les Super marchés soit encore chez certains agents de distribution spécialisés. Les compagnies assurent la livraison à domicile à partir de 100 livres. 

    La gestion des produits pétroliers est assurée par les compagnies pétrolières qui agissent "avec pleine liberté sur le marché interne contrôlant toute la chaîne depuis l’approvisionnement à l’extérieur jusqu’à la distribution". Le commerce des produits pétroliers est assujetti à la loi de 1949 dont certaines dispositions sont complètement dépassées étant donné l’évolution des techniques liées au commerce de ces produits. 

    Malgré l’expérience malheureusement trop courte de l’Accord de San José (1990-1991), il n’y a eu jusqu’à présent aucune politique d’approvisionnement née de politique des prix qui ferait partie d’une politique énergétique globale en accord avec la politique économique et sociale du gouvernement visant le moyen et le long terme. Dans le domaine économique, la résolution des problèmes de conjoncture a prévalu sur la planification à un horizon de temps qui dépasse l’immédiat. A chaque fois que l’Etat intervient dans la formation des prix, il est toujours guidé par des préoccupations budgétaires et/ou des problèmes de stabilisation des prix à la consommation (Guzman and all, 1991). Ce n’est jamais pour résoudre un problème environnemental ou de développement économique lié à ces combustibles. Certaines décisions d’approvisionnement ont même été préjudiciables à l’environnement. La politique pétrolière du gouvernement doit tenir compte des préoccupations environnementales et sociales auxquelles le pays fait face actuellement. 

     

    LES MÉCANISMES DE GESTION DU SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE HAÏTIEN.

    A l’examen on constate que la structure administrative énergétique d’Haïti est dans la majorité des cas privée en considérant le poids occupé par les ressources ligneuses et les produits pétroliers dans le bilan énergétique national. L’Electricité d’Haïti, malgré tous ses déboires reste un organisme autonome de l’Etat; sa gestion administrative ne devrait pas être influencée par les décisions gouvernementales. 

    Gestion des ressources ligneuses 

    La production du bois de feu et du charbon de bois, constitue la plus grande source d’énergie utilisée dans le pays, son transport du lieu de production aux principaux centres de distribution, et sa commercialisation sont organisés selon un circuit informel obéissant aux règles du marché libre. L’intervention de l’Etat autrefois confinée au contrôle des prélèvements dans les réserves naturelles et dans les "terres dites de l’Etat", et à l’application d’une taxe sur les cargaisons de charbon de bois à des postes de controle pré-établis, est de nos jours tout à fait inexistante. On peut dire qu’en général l’Etat ne tire aucun revenu direct sur les 3.400.000 Tonnes de bois de feu récoltées chaque année en Haïti et dont 250.000 à 300.000 Tonnes de charbon de bois sont produites, ce qui représente environ 37% du total de bois de feu collecté. L’activité commerciale la plus importante est réalisée avec le charbon de bois et non avec le bois de feu malgré que ce dernier compte un tonnage beaucoup plus important. 

    La nécessité de gérer rationnellement les ressources forestières du pays est apparue pour la première fois dans la loi d’Août 1955. Entre autres préoccupations cette loi prévoyait "la nécessité de recourir à des énergies alternatives pour faire baisser la pression sur le bois de feu". Un deuxième décret daté de 1987 accorda un délai de six (6) mois aux petites entreprises industrielles et commerciales utilisant le bois de feu pour transformer "leur système de brûleur afin de pouvoir utiliser d’autres combustibles que le bois". Il y a dans ces deux textes légaux distants de trente-deux (32) ans, une tentative de gestion rationnelle de la biomasse utilisée à des fins énergétiques. Malheureusement, aucune disposition ne fut prise par l’administration gouvernementale pour le suivi de ces décisions. C’est un exemple typique de décisions justes mais non planifiées, donc vouées à l’échec. 

    Gestion du secteur électrique 

    La gestion du secteur électrique est assurée entièrement par l’Etat, qu’il s’agisse de la production, du transport, et de la commercialisation. L’Electricité d’Haïti, un organisme public national à caractère industriel et commercial a la responsabilité exclusive des opérations de production de transport, de distribution et de commercialisation de l’énergie électrique à travers le territoire. Il a récemment décidé de partager avec le secteur privé ses droits de production (décret du 20 août 1989, modifiant celui du 9 avril 1977), cependant, il demeure le seul acquéreur de l’énergie électrique produite. 

    Les ressources hydrauliques utilisées pour produire l’hydroélectricité sont gérées conjointement avec les autorités régionales au niveau planification. L’Ed’H demeure néanmoins le seul responsable des opérations quotidiennes de l’eau accumulée derrière les barrages hydro-élecriques dont il a la gestion. 

    Gestion des produits pétroliers 

    La gestion des produits pétroliers est laissée à la discrétion des compagnies pétrolières qui agissent "avec pleine liberté sur le marché interne contrôlant toute la chaîne depuis l’approvisionnement à l’extérieur jusqu’à la distribution". L’Etat par l’intermédiaire du Ministre du Commerce et de l’Industrie, joue seulement un rôle d’arbitre dans l’attribution des contrats mensuels d’importation par appel d’offres et dans l’établissement de la structure des prix des différents produits. La loi qui réglemente le commerce des produits pétroliers en Haïti date de 1949. Cette loi est complètement dépassée étant donné l’évolution des techniques liées au commerce de ces produits. 

    Les Institutions 

    Les institutions s’occupant de questions énergétiques en Haïti sont au nombre de cinq (5) et dépendent de trois Ministères (voir Tableau 5). Aucune d’entre elles cependant, n’a pour tâche la planification globale du secteur, ce qui explique l’absence d’une politique énergétique nationale visant la diminution de la pression sur les ressources ligneuses nationales, la plus grande source d’énergie du pays. A cause des implications de la structure énergétique sur l’environnement, le Ministère de l’Environnement (créé en 1994) dont la tâche principale est l’établissement des lois et normes visant la réhabilitation de l’environnement, a décidé dans le cadre de ses attributions de mettre au point le cadre réglementaire ainsi que les mécanismes appropriés à travers le Plan d’Actions pour l’Environnement élaboré de telle sorte à permettre que les institutions soient à même de discuter des actions communes. 

     
    Tableau 7. Rôle des institutions travaillant dans le secteur énergétique en Haïti
     
    Institutions
    Secteurs
    Electricité
    Produits pétroliers
     Bois-énergie
    Autres ressources locales 
    MTPTC 
  • ED’H
  •   

  • BME 
  •   

    Planification, Production, Distribution et Vente 

        

      

      

    Promotion de Technique Rationelle d’Utilisation

      

      

      

    Exploitation Recherche et Développement

    MCI 
    BAPP 

     

      

      

      

      

     

      

    Controle Prix, Accords, d’Approvisionnement

      

      

     

    MARNDR 
  • SF 
  • CRDA
  •       

    Promotion et Controle de la Production Recherche/Développement

      

      

    Vulgarisation

    MDE 
  • PAE
  •     Gestion Parcs et Aires réservées; Diminution pression sur bois-énergie  
    SECTEUR PRIVÉ   Importation Distribution et Vente    
    ONG     Production/Distribution de Plantules Vulgarisation 
     
      
    LES CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME ENERGÉTIQUE HAITIEN

    Les traits caractéristiques généraux observés dans le système énergétique haïtien sont les conséquences de la situation de sous développement qui caractérise le pays. On y retrouve les phénomènes de dépendance par rapport à l’extérieur, de désarticulation par rapport à la situation locale, tant du coté de l’aprovisionnement que des usages, d’inadéquation aux besoins fondamentaux et d’agression sur le milieu naturel. 

    On constate en Haïti que les sous-systèmes pétroliers, électrique et bois de feu ont évolué de façon autonome sans stratégie et politique énergétique d’ensemble, ce qui a donné lieu à bien des incohérences et des pertes d’efficacité. De même, très peu de cas a été fait des avantages qui pourraient découler de l’amélioration des performances dans l’utilisation des énergies traditionnelles ainsi que ceux qu’on pourrait obtenir par le recours éventuel aux énergies nouvelles. 

    Le résultat des actions dans le domaine énergétique s’est traduit par une politique de l’offre, ignorant les possibilités offertes par une action efficace sur la demande grâce à une politique d’utilisation rationnelle de l’énergie. Et même dans ce cas les choix ont été laissés aux entreprises productrices dont la tendance naturelle est d’améliorer l’efficacité de leur propre sous-système et non celui du système énergétique dans son ensemble. Des possibilités de substitutions entre diverses sources n’ont pas été prises en compte, de même certaines solutions faciles ont été négligées telles l’adaptation des énergies nouvelles (solaire thermique, solaire photovoltaique, mini-hydraulique, éolienne, etc..,) aux besoins de développement de zones marginales et de zones isolées. 

    CONCLUSIONS

    A cause du déficit accumulé depuis plusieurs décennies et compte tenu de l’état de dégradation de son environnement, Haïti ne peut plus continuer à utiliser au rythme actuel ses maigres ressources ligneuses pour satisfaire les besoins énergétiques des différents secteurs. Des actions basées sur une politique énergétique cohérente et rationnelle doivent être menées en vue d’une part, de mettre sur pied un programme dendro-énergétique avec comme objectif la production du bois-énergie dans des conditions favorables à l’équilibre écologique, et d’autre part, promouvoir des combustibles de substitution du bois de feu et au charbon de bois tels, des briquettes de charbon minéral, des substituts pétroliers comme le GPL, le kérosène et le fuel oil dans les secteurs qui dépendent presqu’essentiellement du bois-énergie comme combustible. 

    Parallèllement, la promotion de l’utilisation des ressources énergétiques locales renouvelables telles l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’énergie hydraulique constituent des moyens pratiques de satisfaire des besoins pressants de développement dans les régions rurales. Des mesures de politique devraient aussi être envisagées en vue de faire la promotion des techniques qui permettent d’en faciliter l’utilisation. 

    L’ articulation des différentes actions sus-mentionnées ne peut être réalisée qu’à travers la mise en place d’une politique énergétique nationale avec pour objectif la gestion rationnelle du secteur énergétique dans son ensemble en vue d’un développement harmonieux et durable. 

      
    BIBLIOGRAPHIE
     
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    2. Moran, E. Pierre, B. Saint Jean, W. Haïti: Diagnostic du Secteur de l’Energie. OLADE/PNUD/BME. Port-au-Prince, Juin 1991. 100 p. 

    3. ESMAP. Stratégie pour l’Energie Domestique. Rapport PNUD/Banque Mondiale # 143/91. Port-au-Prince, Haïti. Décembre 1991. 158 p. 

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    5. Young, Peter. Situation Energétique des Résidences en Haïti. Analyse des Statistiques relevées pour les années 1990 et 1995, CARE/BME. Mars 1996. 8 p. miméo. 

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    7. Saint Jean, Wilfrid. Rôle des Energies Nouvelles et Renouvelables dans le processus de développement économique et social d’Haïti. Inédit. 1995. 8 p. miméo. 

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    9. Schetini, B. Saint Jean, W. Les produits pétroliers et l’environnement en Haïti: Etat de la Situation. Texaco/PAE. Port-au-Prince, Haïti. Inédit. Mai 1996. 14 p. 

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    11. Théart, Lesly. Potentiel et perspectives d’utilisation des énergies renouvelables en Haïti. CSPS/PAE. Port-au-Prince, Haïti. Avril 1996. 9 p. 

    12. Victor, Jean André. Le droit et l’énergie. ECMU/PNUD. Port-au-Prince, Haïti. Mai 1996. 8 p. 

    13. Victor, Jean André. Energie, charbon de bois et dégradation de l’environnement. ECMU/PNUD. Port-au-Prince, Haïti. Juin 1996. 9 p. 

    14. Guzman, M. Oscar, and all. Etude des prix de l’énergie. OLADE/PNUD/BME. Port-Au-Prince, Haïti. Septembre 1991. 88 p. 

    15. Jean-Poix. Claude, Le potentiel d’Haïti en énergies conventionnelles. BME/PAE. Port-au-Prince, Haïti. Juin 1996. Inédit. 

    16. BRGM/BEICIP. Synthèse Géologique de la République d’Haïti. Volume 4. Substances Energétiques. BID/BME - ATN/SF 2506 HA. Orléans, France. Octobre 1988. 

     
     
     
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    04/04/99
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